Aussi étrange qu’il y paraisse, je me sens plus mal aujourd’hui que 15 jours après cette fausse couche. Ce ne sont pas les mêmes émotions, ni les mêmes sentiments. C’est différent, et quelque part plus pernicieux. Moins continu, plus profond. Comme si la douleur et la peine s’étaient mués en une forme de désespoir désabusé.
Un regard voilé qui vous permet de voir les choses calmement mais avec une étrange amertume, qui va et qui vient.
Vous êtes bien là pour voir la vie continuer, mais vous êtes comme « à côté de votre corps ».
Vous avancez votre bonhomme de chemin, au gré du quotidien, mais aussi des naissances chez les autres, des étapes de grossesse chez les autres, et de votre corps qui reprend petit à petit son rythme mensuel sans jamais vous annoncer la nouvelle que vous espérez encore plus qu’avant.
C’est court 3 mois.
Pourtant ça m’a suffit à reprendre la normale, et espérer.
Et être déçue.
Puis ré-espérer.
Contrairement à avant, je ressens la période d’attente beaucoup plus profondément.
Je ne connais plus simplement la déception au retour des règles. Je suis aussi habitée par un espoir si ardent qu’il en est presque affamé. Au point qu’il m’arrive réellement de croire que je suis enceinte.
Ce n’est plus juste des « si » et « l’impression que »… C’est l’idée intime de sentir que son corps amorce un début de vie.
Mais ce mois ci, comme le précédent, je pense que ce n’est qu’un cerveau malade qui se berce d’espoirs vivaces pour échapper à un deuil toujours moyennement assumé et une situation d’échec toujours plus intolérable.
Et pourtant, je sais bien que cela ne fait même pas 4 mois.
Mais ces presque 4 mois, ce fut la durée de cette grossesse.
Et 4 mois, c’est long quand on y pense. Surtout lorsqu’on s’y investit et qu’on en vit chaque minute.
Est ce qu’on peut vraiment « guérir » de cela tant qu’on ne retombe pas enceinte ?
J’aimerais le croire, mais cette envie va et vient au gré des vagues d’espoir et de déprime.
Merci pour tes textes qui ne me fond pas sentir moins triste mais moins bête et moins seule en tout cas. Jeudi dernier on nous a annoncé que l’embryon ne s’était pas développé. J’en suis à 6 semaines de grossesse. J’ai été incapable de parler pendant 24h00, sous le choc. Ce que je ressens est indescriptible, je me sens si naïve et si bête d’avoir cru que ça marcherait du premier coup (je suis tombée enceinte le premier mois de nos essais) comme toutes mes amies autour de moi. Nous avons rendez-vous jeudi prochain pour confirmer et pour me prescrire la suite. J’ai tellement peur de souffrir, de ne pas arriver à retomber enceinte avec la peur au ventre que ça se répète… On ne nous a rien expliqué du tout car cela est sans doute banal pour les médecins, pour notre entourage aussi vraisemblablement (« ce n’est que partie remise », « vous vous êtes trop emballés… »). Alors peut-être n’a-t-on pas été assez raisonnables mais pourquoi ça nous arrive à nous (il y avait 85% de chances que ça se passe bien quand même!)?
Nous ne sommes qu’aux prémices de ce mauvaise coup du sort mais mon dieu que c’est déjà dur… Je te remerci encore d’avoir su mettre des mots comme personne autour de moi depuis 4 jours, je me sens infiniment moins seule.
Bonjour Milar.
Je suis sincèrement navrée de ce qui vous arrive. Je pense particulièrement bien savoir ce que tu ressent et ne peux malheureusement pas te dire que « ça va passer ».
ça passera sans doute, mais dans l’attente, il va falloir vivre « entre parenthèse ».
Et malheureusement tu ne seras pas la seule à vivre ça.
ton ami le vivra avec toi, à sa façon.
Et d’autres femmes, d’autres couple, le vivent aussi en ce moment, à leur façon.
Moi j’ai décidé de l’écrire car je me sentais trop seule vis à vis de ce que je ressentais et ne trouvais pas d’autres témoignages. On me disait que ça arrivait souvent, que ce n’est que temporaire, que plein d’autres femmes le vivent… mais je ne trouvais pas grand chose qui me montre tout ça.
Si ça peut t’aider je te propose de l’écrire.
Je te conseille aussi d’en parler avec ton ami.
Mais le seul conseil que je puisse vraiment te donner c’est de te dire que ça ne va pas se résoudre « comme ça, tout de suite ».
Il va y avoir plusieurs étapes de deuil.
De la peine, de la jalousie, de la colère …
Et c’est normal !
Plus tard, on comprend mieux. Pour le moment… et bien il faut malheureusement affronter.
Je te souhaite beaucoup de courage