Il est temps de passer le cap et de vous raconter la fin de l’accouchement. Car si vous suivez le compte Instagram, vous avez vu que mon accouchement ne s’est pas vraiment fini comme espéré… et qu’il m’a fallu un certain temps pour digérer la chose.
Or, personnellement, pour digérer des situations difficiles (en dehors de me gaver de macarons jusqu’à ce que je n’en puisse plus), j’ai besoin de mettre les choses par écrit.
Ca me permets de tirer un trait dessus, en me remémorant les choses et en en « accouchant » une seconde fois.
D’ailleurs, avec la fin du baby blues, j’ai pu constater que ces souvenirs ne sont plus aussi violent qu’ils l’ont été lorsque j’ai compris (2/3 jours plus tard) que mon pronostic vital avait été plus qu’engagé ce soir là…
Ecrire ces souvenirs, c’est donc une façon de boucler la boucle, et d’être sûre qu’il ne reste pas de poussière sous le tapis #psychologiedeblogueuse
Au début j’ai rédigé le texte pour le blog. Puis je l’ai découpé en plein de morceaux (6) pour Instagram car c’est désormais là bas que je publie au quotidien. Mais finalement, j’ai retravaillé un peu tout cela pour le blog et cet article est donc le V3 de ce texte :-p
Pour le petit rappel : j’ai accouché à 19h31 avec un travail commencé vers 5h30 du matin. J’ai tenu sans la péri jusqu’à midi puis, après, ce fut un peu la sinécure tout l’après midi ^^ (je l’ai raconté ici) L’ouverture à 10cm s’est fait attendre jusqu’à 19h et la sage femme nous expliquait que, si le bébé était bien descendu, il ne s’engageait pas complètement car… il dodelinait de la tête (genre c’est le moment de jouer à ni oui ni non ?!?) Du coup, depuis 18h, on travaillait des positions pour aider le bébé à s’engager dans le bon sens (ce qu’il faisait petit à petit.) A 18h j’ai demandé un petit rab de peri et… j’ai fait une sieste (Dieu que cette piqûre est magique.) La sage femme m’a laissé ce temps de repos en disant qu’on passerait ensuite aux poussées, mais que si le bébé ne se décidait pas, il faudrait appeler les docteurs.
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J’ai commencé à pousser vers 19h30 et ai été ravie de voir l’équipe satisfaite de mes efforts (sans dec’ la respiration était qqch qui m’inquiétait un peu.) Mais si bébé descendait à chaque poussée, il remontait aussitôt en dodelinant à qui mieux mieux. Du coup, ce qui devait arriver arriva : arrivée du docteur et d’une interne pour aider le bébé avec la ventouse. Et sans vous mentir : si j’avais conscience de tout ce qui se disait ou faisait, la fatigue était déjà assez forte à ce moment pour que je vive ça avec un calme et un recul exemplaire. A aucun moment je n’ai vu une gêne (alors que la naissance avec instrument n’était pas vraiment dans mon projet de naissance :/ )
Mais bref. Tout le monde s’est mis en place et j’ai fait remarquer que je ne sentais plus trop la péri. Mon mari a vérifié et il semblait qu’effectivement on était sur la fin de la dose. Mais quand on m’a dit qu’en trois poussées le bébé serait là je ne me suis pas démontée et j’ai fait ce qu’on m’a dit.
Et là… *silence gênant*… je peux vous dire que j’ai senti les pires douleurs de ma vie. Une sensation d’écartèlement comme je ne pense pas qu’on doive jamais en ressentir. J’ai hurlé, je me suis cambré sur la table.
La tension est montée d’un coup et je me rappelle avoir jeté un regard de veau qu’on mène à l’abattoir tout autour de moi. Je n’arrivais pas à croire que c’était réel. Et pourtant, toute l’équipe médicale m’encourageait en disant que c’était l’affaire de quelques poussée et que le bébé était déjà là.
J’ai bien compris que pour que la douleur cesse il allait falloir pousser et c’est tout. Mais comment y arriver ? Je ne suis pas sûre de savoir ce que j’ai fait.
C’est comme si mon cerveau avait switché pour dériver la douleur sur un autre circuit de contrôle. Je me rappelle avoir plongé les yeux dans ceux de mon mari sans vraiment le voir et puis d’avoir focus sur ce qu’on me disait de faire. J’ai dû pousser 3 ou 5 fois, en lâchant des cris primitifs et bestiaux. Toute ce que je voulais c’était que ça cesse.
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Je crois qu’à un moment la douleur s’est muée non plus en ressentiment mais en carburant qu’il fallait épuiser tout de suite ! J’aurais pu maudire quiconque m’aurais dit autre chose que « oui c’est bien madame, poussez à fond et prenez de l’air ».
A un moment j’ai entendu dire qu’il fallait pousser encore une fois « pour faire passer l’épaule » et j’ai donné tout ce que j’ai pu en me disant que ce n’était pas possible de se faire écarteler comme ça.
Et là… j’ai vraiment senti « la délivrance ».
Les choses se sont complètement inversées en un quart de seconde.
J’étais sur le dos en train de maudire tout le monde quand on m’a dit de prendre le bébé et je me suis redressé comme un diable qui sort de sa boîte pour attraper ce petit être tant attendu.
Je me rappelle que je répétais en boucle « mon bébé, mon bébé ». Et tout dégueulasse qu’elle était avec les fluides, le lanugo ou le sang, je l’embrassais et la serais dans mes bras comme si on menaçait de me la prendre. Le pire c’est que l’image m’est restée gravée dans la tête.
Car lors de la mise au monde, les lumières de la salle sont baissées au maximum sauf la lampe médicale qui permet à l’équipe de bien voir ce qui se passe. En me tendant le bébé entre les jambes l’interne à donc mis celui ci à contre jour et j’ai juste vu des silhouettes qui me tendaient un petit bébé recroquevillé et nimbé de lumière. Même encore maintenant cette image éveille des souvenirs hyper forts, car c’est ce qui m’a permis de tenir dans les heures qui ont suivi !
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S’il y a une chose qui est vraie dans ce que l’on raconte de l’accouchement, c’est que dès que vous avez votre bébé contre vous… plus rien n’a d’importance.
J’avais beau avoir douillé depuis 14h… Une fois mon bébé entre les bras, le monde entier avait été rayé de la carte et seule comptait cette petite forme entre mes bras et le regard de son papa braqué vers nous.
Je crois qu’à ce moment, j’avais les capacités intellectuelles d’une gamine de 7 ans devant son boys band préféré !
Mais tout à mon bonheur, j’ai vu que l’équipe médicale commençait à s’agiter. L’interne m’a demandé de pousser à nouveau pour libérer le placenta et je me rappelle mettre demandé comme elle voulait que je fasse alors que j’étais occupée à câliner mon tout petit.
A ce moment je ne savais même pas s’il s’agissait d’un garçon ou d’une fille mais je n’en avais rien à faire ! C’est quand la puéricultrice m’a demandé son prénom que je lui ai dit qu’on ne savais pas si c’était un garçon ou une fille. Elle a alors retourné le bébé et on a pu voir « en grand » qu’il s’agissait d’une petite fille. Et c’est en balbutiant « Ma Juliette, ma toute petite Juliette » qu’on a découvert que la sage femme qui m’avait accompagné s’appelait elle aussi Juliette ^^.
A ce moment là, autant vous dire qu’on était dans une autre dimension. Le médecin a alors demandé à ce que le bébé soit confié au papa le temps de. « Le temps de quoi ? » je crois que je n’ai pas compris tout de suite jusqu’à entendre le mot « révision utérine ». Sachant très bien de quoi il s’agissait, j’ai donné ma crevette à mon mari sans m’inquiéter, en me disant que c’était une question de minutes. Et puis je ne les ai pas quitté des yeux tous les deux, ils étaient à 2 mètres de moi.
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A partir de ce moment j’ai complètement perdu la notion du temps. Les gens autour de moi étaient de plus en plus nombreux et quand une personne est entrée en demandant le départ du papa d’un ton péremptoire, je n’ai pas non plus tilté. Je voyais celui ci gaga d’amour avec sa fille dans les bras, et tout était merveilleux. Mais au ton du médecin j’ai vite compris que les choses allaient être un peu plus compliquées. Ayant un bon passif d’hospitalisation, je suis quand même restée parfaitement calme et confiante. Avec le recul j’ai compris que j’étais déjà complètement stone puisqu’à ce moment j’avais déjà perdu 2 litres de sang. Car le souci, c’est qu’à partir de la naissance de la petite, j’ai commencé à saigner sans m’arrêter. Le médecin, l’interne, la sage femme et les deux aides ont rapidement été rejointes par deux autres médecins et une équipe complète sans que je ne m’en aperçoive tout de suite.
Le temps que mon mari soit sorti de là, on me transfusait, et on essayait de stopper l’hémorragie. On m’a ensuite transféré au bloc sans trop de heurt (enfin, selon mes impressions du moment :p). Sur place ils ont géré l’hémorragie du placenta mais le sang continuait d’affluer par le périnée. En gros, plus ils essayaient de faire des points, et plus cela saignait.
Au final ils allaient ouvrir quand cela a commencé à se calmer. Au point d’arriver à stabiliser et m’annoncer qu’ils allaient me transférer dans un autre hôpital pour réaliser un acte technique qu’ils ne pouvait pas faire sur place. A ce moment, j’étais hagarde mais guillerette car, pour moi, il n’y avait pas motif à s’inquiéter (oui, j’ai une confiance aveugle dans le corps médical dès lors qu’il porte une blouse ^^). La sage femme qui m’avait accouchée faisait régulièrement des aller-retours entre le bloc et la salle où était parqué mon mari pour me donner des nouvelles. Du coup, j’avais l’impression de suivre ce qui se passait tandis qu’une autre infirmière me faisait la conversation et me donnait à boire via des compresses imbibées d’eau (du moins c’est l’impression que j’en avais :p).
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Au moment du transfert, on a autorisé mon mari à venir me voir avec la petite dans le berceau. Il était dans les 22h30/23h et j’étais toujours grisée par la naissance. Mon pauvre mari était coincé avec un doigt dans la bouche du bébé et ne savais pas trop comment réagir. Je lui ai dit que j’allais bientôt revenir et… qu’il fallait qu’il appelle les voisins pour qu’ils nourrissent le chat (sens des priorités… quand tu nous tiens.)
Au final j’ai traversé Paris avec le SAMU, et le moins qu’on puisse dire c’est que leur amortisseurs tiennent encore le coup, mais de justesse ^^
Je suis arrivée à la pitié salpêtrière à 23h30 et ai été placée en salle de réveil avec une équipe de nuit qui a été aux petits soins avec moi. J’étais consciente mais comateuse, tout ce que je voulais c’était boire (ce qui m’était parfaitement interdit.) Du coup je réclamais chaque heure des compresses humides pour en téter l’eau. Et je crois que je n’ai jamais autant apprécié quelques gouttes d’eau dans la gorge !
Ensuite, (et pour gagner un peu de temps), je suis repassée au bloc à 4h du mat avec les gynécologues-chirurgiens, pour vérifier l’état et la localisation des saignements, puis encore une fois au bloc à 7h pour faire ce qu’on appelle une embolisation (fermer des veines en passant des billes de plastique dans les artères.)
Et puis j’ai commencé une loooooooonnnnngggggguuue attente en salle de réveil (avec une autre équipe.) L’idée étant d’attendre que mon hémoglobine remonte pour être re-transférée à la maternité des bluets.
Toutes les heures et demies on refusait le test en m’annonçant que si c’était bon je rentrais… Et toutes les deux heures, les résultats n’étaient pas bon. A partir de 17h j’ai craqué et me suis mise à fondre en larme tous les quarts d’heure. Je voulais rentrer voir ma famille. Le personnel hospitalier à fait ce qu’il a pu pour me réconforter mais je lui souhaite bien du courage à celui qui veut dire à une jeune accouché qu’il faut être un peu patiente alors que cela fait 24h qu’elle a donné la vie et qu’elle ne peut toujours pas voir son bébé…
Au final c’est à 18h30 qu’on m’a donné le go (je les soupçonne d’avoir été un peu plus souple que ce qu’il faudrait sur les résultats attendu) et c’est à 21h30 que j’ai enfin retrouvé mon mari et ma petite fille… plus de 24h apres sa naissance. Autant vous dire que j’étais complètement groggy mais que rien d’autre n’avait d’importance que ce petit bout de chou et les câlins qu’on allait maintenant se faire !
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Voilà… ça #CestMonHistoire d’ #accouchement.
Désolée pour la longueur du texte !
Au final j’ai perdu un peu plus de 4litres de sang (l’équivalant du volume total) et 24h de temps. Aujourd’hui, encore, le sang qui est dans mes veines n’est pas vraiment à moi et je suis relativement faible.
Mais nous sommes surtout ensemble et heureux.
Merci aux équipes médicales et surtout merci aux donneurs de sang !
[…] Une vraie préparation à l’accouchement, avec travail du souffle et du mental (j’ai très peur de faire une crise de panique en rappel de l’accouchement précédent). […]
[…] On savait Numéro2 plus gros que MissJ (qui nous a déjà fait un 4,2kg à terme), mais celui-ci atteint presque les 4kg a 38SA. Et voilà qu’on découvre un diabète de fin de grossesse. Du coup déclenchement semaine prochaine 😡… Et qui dit déclenchement dit aussi péridurale (surtout avec mes antécédents). […]